Dans mon dernier dossier d'informatique musicale, "Enregistrer sa guitare électrique", je vous proposais des solutions simples pour vous permettre de distribuer votre son au format numérique. Je désirais approcher avec vous l'enregistrement des instruments acoustiques, mais en écrivant la première version du dossier, je me suis rendu compte qu'il me serait difficile d'expliquer tout cela sans aller un peu plus loin... En effet, l'enregistrement d'instruments acoustiques nécessite l'utilisation de micros pour la prise de son, ce qui induit pas mal de choses comme nous le verrons dans la suite de ce dossier, et l'installation s'apparente rapidement à un home studio.
Notez que vous vous rendrez à la même évidence si vous désirez enregistrer un instrument amplifié via un micro. Devant cette évidence, j'ai décidé de traiter dans ce dossier des deux sujets dans leur ensemble, sans véritablement entrer dans les détails (souvent à cause de mes compétences trop limitées dans certains domaines).
1 - Principes de base
Le montage d'un home studio chez vous va nécessiter la mise en place de deux chaînes distinctes :
- la chaîne d'enregistrement, qui permettra l'acquisition du son avec un premier travail au niveau des réglages, et la chaîne de lecture, qui vous permettra de retravailler le son acquis. La chaîne de lecture est trop souvent négligée : sachez que le matériel Hi fi, qu'il soit domestique ou professionnel, n'est pas adapté à ce travail. Pour obtenir une chaîne d'enregistrement simple et capable d'enregistrer des sons émis directement dans l'environnement, nous disposerons des éléments suivants :
- Un micro
- Un préampli et/ou une console
- Un périphérique d'acquisition (carte son, le plus souvent)
- Un ordinateur
- la chaîne de lecture devra quand à elle fournir :
- Un ordinateur
- Un périphérique de restitution (la encore, la carte son)
- Une console (facultative, elle peut être remplacée par un logiciel)
- Des éléments de diffusion (casque et enceintes)
Tout cela devra être installé dans une pièce à l'isolation sonore correcte, pour ne pas déranger les voisins, et pour ne pas que les voisins vous dérangent. Essayez de 'casser' au maximum les volumes de la pièce utilisée (toutes les surfaces parfaitement parallèles, comme le sol et le plafond, doivent être cassées, meublées, pour éviter un résultat désastreux). Fermez les volets et places sur vos fenêtres d'épais rideaux, plaqués de la mousse sur les portes, bref, essayez au maximum d'obtenir une acoustique propre dans la pièce. Pour un studio plus évolué, on utiliserait des matériaux spécifiques destinés à recouvrir les surfaces planes, mais nous n'avons pas cet objectif, on fera donc au mieux sans avoir à se lancer dans d'immenses dépenses.
2 - Le micro
Nous distinguerons deux grandes catégories de micro : le dynamique et le statique. Le second (statique) est fragile, coûteux, sensible. Nous nous concentrerons donc sur le travail avec des micros dynamiques.
Pour enregistrer la voix, utilisez de préférence un statique avec un filtre antipop ce qui permettra une restitution précise de votre voix.
Pour les instruments, Shure et d'autres marques proposent différents types de micros adaptés à vos besoins (acoustique, derrière l'ampli etc.), à vous de visiter l'étendue du marché et de vous en faire une idée. Le shure Sm57 est un micro standard pour la reprise d'ampli guitare.
Si il est important de choisir un bon micro, vous devez aussi comprendre qu'il est inutile d'acheter un haut de gamme si le reste de la chaîne ne suit pas. Par contre, un bon stand, stable et facile à articuler, est un bon investissement.
Voici quelques pistes de placement du micro pour le repiquage d'une guitare acoustique :
- Au niveau du chevalet :
Son très doux, mais qui peut parfois être caché par la main du guitariste sur les allers retours. Position sympa pour les arpèges d'accompagnement à la Carla Bruni par exemple.
- Au niveau du sillet :
Son brillant et très métallique. Je ne me suis jamais servi de cette position.
- A la base du manche :
Sans doutes la position la plus utilisée, avec un son très équilibré.
On peut tout à fait prévoir deux micros pour une seule guitare acoustique, le couple Chevalet + Base du manche par exemple donne de très beaux résultats. De manière générale, j'essai de poser le micro à une vingtaine de centimètres de la guitare, légèrement inclinés.
3 - Le préampli et / ou la console
Le niveau du signal d'un microphone étant très faible, ce signal doit être augmenté pour arriver à un niveau ligne utilisable par la console. La plupart des consoles intègrent un préampli pour les entrées micro.
On peut aussi achetez des préamplis en hardware qui sont de meilleurs qualité en général que ceux des consoles de mixage.
Vous avez plusieurs solutions :
- utiliser un préampli puis brancher vers la console
- utiliser un préampli seul (cas si vous n'enregistrez qu'une source à la fois)
- utiliser directement la console.
Votre choix se fera selon votre matériel, vos moyens, et l'objectif à atteindre. Si vous choisissez un préampli, sachez qu'il est préférable d'investir dans un bon numérique que dans un petit analogique. Pour le câblage de la console, vous pouvez vous reporter au dossier de Poppy sur le sujet, très bien fait.
4 - L'ordinateur et la carte son
Notre chaîne d'enregistrement se termine ici, la chaîne de lecture y prend sa source. Vous pourrez y installer plusieurs logiciels, le plus important étant d'avoir un logiciel d'enregistrement (audacity, samplitude ...) qui permet de traiter votre acquisition et d'enregistrer votre son au format numérique. Un premier traitement numérique du son peut se faire ici. Si vous souhaitez retravailler votre son, une éditeur audio (Soundforge, Cubase) sera utile, mais cette partie est difficile à maîtriser : mangez de la doc., tâtonnez, essayez ...
La carte son est un élément important de la chaîne : elle peut tout à fait pourrir le résultat alors même que vous disposez d'un excellent matériel en amont dans la chaîne. Le minimum est d'avoir une carte pourvue d'une entrée 'Line In'. De même la carte joue t’elle un rôle important dans la restitution : si vous avez fait un travail très convenable et que la carte rend de la bouillie, vous ne vous en rendrez pas forcement compte.
5 - Le casque et les enceintes
On utilise le casque, branché sur la console, pour avoir un retour son pendant l'enregistrement et éviter les effets de larsen. Les enceintes seront utilisées pour écouter les résultats de votre mixage.
En théorie, il faut absolument éviter d'utiliser du matériel 'Hi Fi' pour cette partie de la chaîne, tout d'abord parce que ce matériel n'est pas prévu pour encaisser du son non-mixé (une basse trop violente par exemple peut endommager votre matériel), ensuite parce que la restitution ne sera pas neutre (le son sera modifié). Dans cet optique, il vous faudrait donc, rapidement, investir dans du matériel dédié au monitoring (tout du moins pour les enceintes). En pratique, je travail avec du matériel Hi-Fi, et comme c'est du bon matériel, c'est amplement suffisant. Par contre, la paire d'enceintes pour PC, quelle que soit sa qualité, ne permettra quasiment jamais de faire du bon travail.
6 - Le "goulet d'étranglement"
Notre but n'est évidemment pas, ici, de monter un home studio d'enfer pour inviter les groupes de la région a y réaliser leurs maquettes, mais bien d'assouvir des envies personnelles d'enregistrement, seul ou en groupe, pour diffuser notre musique dans une qualité 'acceptable'. Vous remarquerez vite que si un seul maillon de ces deux chaînes est en retrait, en terme de qualité, par rapport aux autres, c'est tout le travail qui en souffre. Le but n'est donc pas d'investir dans un matériel de folie, mais de réaliser une chaîne homogène, qui répondra à nos besoins.
Illustrations réalisées par Poppy