Il y a quelque mois je rencontrais l'excellent guitariste français bien connu sous le pseudo "Fanalo" ou bien encore Stéphane Alaux d'après la mairie. Je connaissais un peu son parcours car il y a de ça quelques années il avait accompagné Ron Thal (Bumblefoot) sur sa tournée française. Quelques années après j'entendais parler du groupe Plug-in. Lors de notre entrevue fort sympathique, il me donna son album Hijack que je lui promis d'écouter bien évidemment. Les mois ont passés et j'ai pu écouter l'album à plusieurs reprises. Etant donné que ça m'a plus je me devais de vous faire part de mon ressenti. Je précise que je ne chronique pas tous les CD mais seulement ceux qui me semblent pertinants. La pochette est je trouve très "Toolienne" et très réussie (réalisé par www.mister-sam.com ). C'est parti pour la chronique titre par titre puis le résumé global !
01-Dantagl
On attaque avec une intro type jeu vidéo 8 bits. Je ne sais pas si c’est un jeu célèbre mais ça me fait penser aux jeux de baston auxquels je jouais quand j’étais mioche.
Le gros Riff rentre sur une guitare droppée en Ré. A noter le son de la caisse clair un peu sec. Pour le reste le mix est très réussi. Le premier thème est lancé. Le phrasé est bien réfléchi.
Arrive le refrain qui mélange les mesures à 7 et 6 temps. L’arrangement est bon et l’univers est assez proche de ce que peu faire Steve Vai par exemple sur l’album Fire Garden. Quelques mises en place, un thème et un refrain plus loin, on se retrouve à 3 minutes pour le pont. Je constate que le bassiste et le batteurs sont très bon. On entend du slap des roulements, c’est dense. Au pont notre ami Mattias Eklundh vient soloter sur une ambiance en Lydien b7 d’après mes oreilles. Ca colle très bien au personnage et on reconnait tout de suite le style et les phrasés délirants. Le morceau évolue vers un truc plus groovy et on reconnait l’univers de Christophe Godin. Fanalo reprend alors le contrôle du morceau après le passage des 2 furieux
. L’outro est une redite du riff d’intro et du refrain. L’ambiance est posée.
02-Dropped
Effectivement la guitare est droppée comme l’annonce le titre. On attaque avec du riff, entre Tool et RATM. L’ambiance est assez proche du premier morceau pour commencer. On retrouve les guitares harmonisées en arrangement sur le 1er thème. Pas vraiment de surprise sur le déroulement du morceau, je trouve qu’il ressemble beaucoup au premier. Mais à 02:40 on change d’ambiance avec un break guitare et l’harmonie semble s’ouvrir pour débouller vers un Solo où il y a beaucoup de modulations. Le morceau a pris une nouvelle dimension. Pour autant il a manqué une sorte de climax. L’outro est un défilement de ce qu’on a entendu en première parti de morceau avec un développement du riff d’intro.
03-Hijack
On attaque avec un riff et une mise en place avec un accord tendu. L’univers est toujours sombre. Le thème est très intéressant sur le phrasé guitare. Par contre on a du mal à le mémoriser, il y a beaucoup d’informations. L’arrangement est peut-être un peu too much. Les plans guitares sont quand même très très bon (on reconnaît la patte Ron Thalienne). Le Riff à 01:53 arrive un peu comme un cheveux sur la soupe mais est développé. A 2min20 on a encore une nouvelle mélodie. A 2min 30 la basse balance du slap. Très bon bassiste. On se retrouve dans une partie ambiante qui rappelle le premier morceau Dantagl au niveau de l’harmonie. A 03:25 Fanalo part sur un solo très nuancé et ma fois c’est très bien fait. L’intensité monte avec le solo. Il y a des surprises à la fin du solo (mise en place) et la basse re-balance le riff de départ. L’arrangement du morceau est je pense un peu complexe.
04-Conkrete
L’invité est Sylvain Coudret (inconnu au bataillon de mon côté) mais j’imagine qu’il ne doit pas être manchot !
C’est parti on attaque avec un riff répétitif toujours droppé puis un thème simple se pose. Fanalo envoi un riff au placement rythmique intéressant. Un thème au phrasé en clusters (intervalles de seconde) fait son apparition. L’arrangement devient très intéressant avec une ambiance sombre et flippante. On retrouve de temps à autre l’univers du premier morceau (sûrement une progression d’accord ressemblante). A 01:50 un nouveau riff va servir de support à Sylvain. Il attaque son solo de façon mélodique avec un jeu très jazz fusion sur la gamme par ton. A 02:38 Fanalo prend le relais et on entend aussi quelques bizarreries harmoniques. A 02:48 Un passage plus ambiant très intéressant. Le plan module peut-être un poil vite. Le solo de Fanalo est très beau. C’est assez bizarre car ça n’a rien à voir avec le début du morceau mais en fait c’est clairement une partie B qui évolue. Les enchaînements ont tendance à être un peu rapides, ça manque peu être un peu de stabilité pour l’auditeur. Le morceau se termine sur le riff d’intro de solo de Sylvain Coudret. Le livre se referme !
05-Meeting Steve
Serais-ce l’ombre de Steve Vai qu’on entend planer dans l’influence de ces 4 premiers morceaux. Probablement cliquons sur Play.
Et en effet on dirait bien un morceau à la Steve Vai, avec un tempo rapide et entraînant, un thème doublé à l’octave et des arrangements à la Steve Vai. Néanmoins on entend aussi le côté Plug-in du coup ça passe très bien. La sonorité est beaucoup plus ouverte que sur les premiers morceaux, sombres. Les solos valent leur pesant de cacahuètes avec du tapping à gogo. C’est très réussi. Les solos s’enchaînent et ça le fait carrément, on est entraîné dans le délire. On reconnaît quelques plans choppés à Steve Vai.
06-Texas Instrument
Le guest est Andy Timmons : encore un invité de marque !
On attaque direct sur le thème du morceau, repris en partie en harmoniques. Fanalo a de bonnes idées de phrasés. Ca slap à la basse. Un riff apparâit avec une grosse mise en place saccadée. A 01:42, c’est un énorme clin d’oeil sur un titre de Steve Vai. A 02:20 on est dans une texture intéressante avec des effets reverse en back. Fanalo re-balance le thème comme au début du morceau. A 03:37 le morceau se calme. De très belles harmoniques en son clair, amènent quelque chose. Le son de guitare clean est très fusion.
07-B.O.B
On attaque direct par un solo thème, sur des sonorités ouvertes. La guitare clean rencontrée au précédent morceau revient teinté le morceau. Le thème solo revient. Puis on entre sur une nouvelle partie qui n’a pas de connections avec le début du morceau. Le solo est vraiment très réussi malgré sa longueur. Ce morceau est très appréciable.
08-Ron to the hills
4 invités sur ce morceau dont l’énorme Ron Thal. Ça promet. On retrouve aussi Jean Fontanille, Fat Mr Crab & Jean-Do Leonelli. Je ne connais pas les 2 derniers.
On a à faire avec un morceau plutôt standard pour le moment. A 01:08 le premier fou furieux arrive et c’est Ron Thal qui nous sert un truc bien gratiné comme d’habitude et à la fretless. Le 2e soliste n’a pas pu être identifié par mes soins, mais c’est plus classique déjà. Ensuite on entend un question réponse entre 2 guitaristes, je parierais sur Jean Fontanille (aller retour) et Fanalo. A 03:38 on entend un autre gratteux qui joue très très bien. Original et très bon phrasé !
09-Sevilla
Patrick Rondat est invité sur ce dernier morceau.
Des sonorités intéressantes sur ces premier riff. Le thème arrive et peu à peu l’atmosphère se transforme (on entend encore quelques bribes du premier morceau, on comprend mieux pourquoi il est en premier dans la track list, son atmosphère plane tout le long de l’album).
A 02:47 c’est Patrick Rondat qui envoie du solo. Il rentre sur un thème puis se fait piégé dans une mise en place en 6+6+4 temps. A 04:10 on a un solo harmonisé puis le jeu en questions réponses entre Fanalo et Patrick Rondat. Un clin d’oeil à Joe Satriani à 07:51 (morceau why).
GLOBALEMENT
Les plus :
- La production est bonne
- Fanalo est un super guitariste très créatif
- Le son des guitares est bon
- Les amateurs de basse slappée en auront pour leurs oreilles.
- Le batteur est très bon.
- Les invités de marque ça le fait car on a juste 4 des meilleurs guitaristes de la scène instrumentale rock à savoir Ron Thal, Christophe Godin, Patrick Rondat et Mattias Eklhund.
- L’artwork est bien travaillé.
- L’album est cohérent et on sent la ligne continue planer.
- Le morceau d'ouverture est celui qui m'est resté dans la tête.
Les moins :
- Un peu trop de solos
- Les morceaux sont tous longs ce qui n’est pas forcément nécessaire. Glisser un ou deux morceaux courts aurait pu alléger l'écoute de l'album complet.
- Manque de lisibilité des structures sur certains morceaux même après plusieurs écoutes
- Manque un peu de respiration sur quelques thèmes ou arrangements.
(Bass) Mobo - (Guitars) Fanalo - (Drums) Simon Renault - (Guitars) Denis Cornardeau
Un super album que je vous conseille évidemment d'écouter et de soutenir si ça vous plait !
Franck Graziano