Dès l'âge de 8 ans, Joe Satriani s'initie à la musique en apprenant à jouer de la batterie puis du synthé. A la mort de son idole Jimi Hendrix , survenue le 18 septembre 1970, il décide de dédier sa vie à la guitare. Il commence par aborder la musique jazz avant de rentrer dans un groupe en 1976. A 18 ans, il suit les cours du pianiste jazz Lennie Tristano et du guitariste Billy Bauer qui lui apprennent la composition et la rigueur. En 1978, il est nommé professeur de guitare à Berkeley et enseigne l'instrument à des musiciens qui ne tardent pas à devenir célèbres tels que Steve Vai, Kirk Hammet, Larry Lalonde (Primus), Alex Skolnick (Testament). Après quelques expériences en groupe qui sont des relatifs échecs, Joe Satriani enregistre un premier album , Not of this Earth, en 1986, puis enchaîne l'année suivante avec Surfing With The Alien. Après une tournée avec Mick Jagger, alors en solo, le guitariste sort un 3ème album Flying in a Blue Dream, dans lequel il chante pour la première fois. Joe Satriani explore plusieurs genres, le blues, le hard-rock, le metal. Il parvient ensuite à s'imposer avec succès en Europe en 1992 avec The Extremist. L'artiste, qui tourne régulièrement aux Etats-Unis et en Europe, est devenu incontournable dans le paysage rock actuel. En 2009, il fonde avec Michael Anthony, Sammy Hagar (ex Van Halen) et Chad Smith (Red Hot Chili Peppers) le groupe Chickenfoot. Leur premier album est sorti en 2009.
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On retrouve 14 albums studios étalés sur près de 25 ans de carrière. Une discographie avec une constante tout de même très rock. Un passage au Blues très réussi avec l'album rouge sobrement intitulé "Joe Satriani". Un essai dans l'électro avec "Engines of creation" qui n'a pas convaincu le public rock n' roll de Joe.
Voici un aperçu assez personnel de mes albums coups de coeur...ou pas...:
Crystal Planet : J'aime l'univers de cet album très planant et très simple. Les thèmes sont bons et accrocheurs. L'orchestration est dépouillée. Avec le recul le son général a un peu trop de reverbe. Le morceau Crystal Planet est très représentatif de l'album. Il y a une continuité, un fil conducteur qui en fait un album homogène. Le premier titre Up in the sky aurait peut-être dû être placé ailleurs car il ouvre assez mal l'album. Le morceau Trundrumbalind a une structure intéressante à 5 temps et se finit sur une gamme par ton bien planante. Atmosphère très réussie. Ceremony est très entraînante avec un solo très bien senti et enfin le morceau Time qui a été pendant des années mon morceau préféré grâce à son refrain planant très bien écrit.
Joe Satriani : Parfait. Le seul album où les musiciens qui entourent Joe semblent avoir de la liberté car c'est bel et bien le gros problème de Satriani. La guitare défonce mais parfois on aimerait pas être le bassiste qui se cantonne au bourdon et le batteur au poom shack. Sur cet album ça joue, beaucoup d'émotions avec le très réussi Down, down, down. Joe est ici accompagné par un guitariste qui prend peu de place mais fait du bon boulot. Cet album est très organique je le conseille vivement à tous.
Surfing with the alien : C'est un classique de la guitare instrumentale, je crois même qu'il en a vendu plus d'un million. C'est cet album qui l'a propulsé. Le trip "comics" super héros est, il me semble, très attirant dans le monde de la guitare. Au niveau des morceaux, la production est typée 80's au niveau du son mais Joe en a déjà beaucoup dans les doigts et son feeling sur Echo ou même Always with me Always with you est excellent. C'est un très bon phraseur. Le tapping à 2 mains Midnight est un classique des musiciens. Enfin avec Satch Boogie, Joe nous la joue mise en place qui défonce. Il en trouvera rarement de meilleure par la suite. Crushing Day est d'après Joe l'un des morceaux les plus dur à jouer tant le solo est difficile (je confirme) même pour lui. Il le joue donc rarement sur scène.
Black Swan & Warmhole Wizards : Soyons clair l'album précédent était à mon oreille assez peu inspiré (à part Andalusia) avec des morceaux qui manquaient cruellement de dimension, de thème, de profondeur. Depuis quelques albums tout comme le public je me disais que Joe devait commencer à en avoir marre et tournait un peu en rond (bien qu'il avait quand même toujours quelque chose à dire). Joe s'est trouvé un plan super avec le groupe ChickenFoot ce qui l'a rebooster comme jamais. En écoutant ce dernier album en date j'ai été scotché. Une jolie tarte m'est arrivée après chaque morceau. Joe m'a surpris, ébahi par la beauté de son phrasé et par la qualité de son, par ses idées. Wind in the trees résume bien l'album. Profond, intense, novateur et la contribution de Mile Keaneally au piano est superbe. Joe est de retour et on sent qu'il a pris beaucoup de plaisir sur cet album c'est indéniable. Le public l'a en parti reconnu (sauf les éternels "c'était mieux avant" avec qui on ne peut jamais discuter).
Engines of creation : Alors premièrement le concept invoqué par Satch m'a séduit. Le fait de tenter une nouvelle approche de la composition musical est géniale. De nouvelles sonorités, de nouveau procédés, dans l'ère du temps. Joe veux coller avec son temps et c'est une démarche très positive. Les morceaux réussis : Devil slide est excellent, il ouvre bien l'album avec une texture rock, indus, et sa couleur phrygienne tout le long. Clouds race accross the sky et Until we say goodbye sont des ballades réussies et profondes. Le morceau Champagne est raté à 70%. Aucun thème révolutionnaire et manque d'aboutissement. Dommage le pont en tapping et le final sont supers intéressants. Les sonorités électro sont un peu kitchs. Le morceau Slow and easy a une texture sonore profonde et la simulation du sitar est réussie. Les morceaux Power cosmic Part I&II ne sont pas très intéressants pour l'auditeur. Un peu trop laboratoire, manque d'accroche. Engines of creation est un peu une redite du style satriani avec des sons electro toujours un peu kitchs. Le morceau n'est pas mauvais mais aurait pu être développé un peu plus. Globalement ce n'est pas un mauvais album, loin de là mais néanmoins on a du mal à l'écouter en entier car plusieurs passages sont assez ennuyeux. Les rockeurs affirmés auront du mal après le premier morceau.
The Extremist : Il semblerait que ce soit l'un des albums préférés d'un très grand nombre de guitaristes. Pourtant au vu des interviews trouvées de Joe il semble que cet album est arrivé à un moment étrange de sa carrière. Sa maison de disque lui avait donné beaucoup de moyens comme il avait fait ses preuves (grosses ventes) avec Surfing et Flying in a blue dream. Joe avait en fait une grosse pression et trop de moyens pour ce disque. De plus il venait de perdre son père. L'album a été beaucoup peaufiné en studio mais manque un peu de consistance d'après le maître. On voit bien le côté promo quand on sait que Sony utilisa le morceau Summer Song pour sa campagne de pub du moment, War utilisée pour Disney pour un film et enfin un morceau Speed of light (B-side) pour le film Super Mario. Cet album est en fait plutôt réussi mais manque un peu de sincérité. La programmation de l'harmoniseur sur le morceau Why est par contre excellente et bien trouvée (ou alors c'est un preset du rack Eventide H3000...) bien que le morceau se résume à une tourne de 2 mesures en boucle ce qui est plutôt light. Les morceaux Friends War et The Extremist sont réussis mais avec assez peu de surprise. Le morceau New Blues nous prédit la suite de Joe avec son retour à la source : le blues.
Professor Satchafunkilus : J'ai flashé sur le morceau Andalusia car il a quelque chose de profond et d'inspiré. Je ne vais pas m'étaler longtemps mais j'ai trouvé l'ensemble de l'album assez pauvre en idées. Cruel manque de relief dans les thèmes : Joe n'a pas grand chose à dire. Les morceaux assez peu inspirés ou alors avec une superbe idée de départ mais trop peu de développement : Diddle-Y-A-Doo-Dat. Le titre Musterion nous transporte sur l'étrange mode Hongrois mineur et c'est assez réussi, du "classic Joe". I Just wanna rock ou Come on Baby font un peu riffs cartons histoire de dire c'est comme ça le rock n' roll. Un grand "Bof" à l'écoute totale de l'album et du coup une appréhension pour le prochain mais c'est chez Chicken Foot que Joe est allé pleinement se ressourcer.
C - Le son de Satriani
Le matériel de Joe est plutôt cool car accessible. Au fil des années Joe a collaboré avec les plus grandes marques pour créer du matériel accessible et qui lui convient. Plusieurs vidéos sur le web attestent de son set relativement soft en live et les grosses armoires remplies de rack semblent appartenir au passé. L'idée par exemple des différentes pédales d'effets est d'améliorer celles qu'il utilisait comme la fameuse distorsion boss DS1 remplacée par la Satchurator. A noter que les pédales d'effets de Joe doivent être branchées dans de bons amplis à lampe (tout comme n'importe quel effet) pour vous approcher du son. Détaillons un peu plus les différents éléments utilisés en live :
1 Les Guitares
Ibanez JS
Steve Vai est venu voir Joe un jour et lui a dit qu'il travaillait sur une nouvelle guitare avec la marque Ibanez. Joe est entré en contact avec Ibanez et a utilisé le modèle R540 envoyé par la marque. C'était le point de départ pour qu'il puisse apporté ses modifications. Il a changé les bois, les frettes, le radius, le manche et le bois. En 1988 naissait la première JS la JS1. Le manche des JS a été reproduit d'une guitare que Joe adorait. En ce qui concerne l'idée de lutherie, il semblerait que Joe voulait tirer un maximum de ses micros. Le point de départ était donc un son relativement neutre de la guitare à vide afin que les micros soient les maîtres du son. Joe souhaitait une guitare moderne et avec ce côté vintage. A noter le split des micros avec un push pull sur la tonalité et une filtre passe haut sur le push pull du volume : celui-ci permet de baisser le volume de la guitare sans perdre des aigus ce qui s'avèrent très pratique dans bien des situations. Le vibrato Edge est une évolution du Floyd Rose et tient parfaitement l'accord. Ce n'est pas le cas du petit modèle JS100 qui a un vibrato trop cheap. Le dernier modèle en date la JS2400 est une JS avec 24 cases et un micro manche double au format simple bobinage. Le simple permet à la guitare de garder l'espacement des micros similaires. A noter que Joe monte ses guitares avec un tirant souple 09.46. en accordage standard.
Avis personnel : Je possède la JS1200. Je ne suis pas un gros fan des guitares Ibanez à la base mais la JS1200 m'a séduit car elle est rock n roll ! Le son est chaud et coloré. Le manche a un radius ce qui est très bien pour la prise en main. Le design est doux et agréable. Les couleurs sont simples et belles. Cette guitare est un véritable couteau suisse. Le Split en micro simple est comme d'habitude un peu moche sur ce genre de guitare, je ne m'en sers jamais car trop déçu à chaque split. Par contre le filtre passe haut sur le push pull du volume est super. Le vibrato tient très bien l'accord c'est agréable. Cette guitare passe assez bien dans pas mal de registres. Son manche rappelle celui d'une Fender strato US standard.
Les derniers modèles de JS :
Cahier des charge de la première JS en cours :
2 Les amplis
Marshall JVM :
Depuis son passage chez ChickenFoot, Joe s'est remis à utiliser des Marshall. C'est la dernière série JVM en 50 et 100 watts qui a retenue l'attention du maître. Pas étonnant quand on sait qu'il a utilisé des Marshall toute sa vie et que cette dernière mouture reprend tous les sons préférés Marshall et l'amène jusqu'aux Hi-gain. Le choix des HP est aussi bien pensé avec un couplage vintage 30, Heritage G12H de chez Celestion. Commutation des canaux, reverb,FX et Master en Midi ou via Footswich. La classe.
Avis personnel : Pari réussi, ce Marshall est excellent, facile à utiliser et sonne très bien dans tous les modes proposés. Le bonus est la sortie Line avec émulation d'un baffle. C'est la première fois que je trouve ce genre de sortie convaincante, elle sonne super bien en direct dans une carte son, vous pouvez donc jouer avec votre ampli en bypass (pas de sortie enceinte) directement dans la carte son et enregistrer avec un son super convainquant. Non, ca ne remplace pas les sensations d'un HP, mais c'est un outil de travail de qualité. La finition des boutons semblent un peu fragile. Il y a du gain à revendre sur les canaux saturés donc on peut même ranger les pédales de distorsions au sol.
Peavey JSX
Abandonné depuis peu par Joe il l'a accompagné pendant plusieurs années sur les routes. Concu avec Peavey, cet ampli est une base du modèle Triple XXX modifié par Joe. Il lui a ajouté un Noise gate qu'il n'utilise pas par contre. Il a pensé que certains utilisateurs aimeraient l'avoir. Disposant de 3 canaux, cet ampli est classique dans la conception. Du bon matériel. Pour avoir testé, l'ampli est versatile avec beaucoup de possibilités. Comparé au Marshall je dirais que la définition de son était plus présente mais que l'ampli manque d'un je ne sais quoi de rock n' roll qu'affectionne particulièrement Joe dans sa carrière. C'est assez marrant de penser que Joe n'utilise plus le matériel qu'il a customisé lui même car cela amène à une certaine réalité : les envies sonores évoluent et ce qui nous plait aujourd'hui n'aura peut-être plus la même saveur dans 5 ans.
Joe utilise beaucoup d'amplis en studio : Fender, Mesa Boogie, Soldano, Peavey...Je ne me suis pas attardé sur le matériel studio qui est difficile à référencer et parfois anecdotique. L'album Engines of Creation a entièrement été enregistré sur Ordinateur sans ampli. Que des Plug in. Concernant la repique par micro de l'ampli, il semblerait que Joe s'y soit beaucoup attardé au début de sa carrière en essayant des combinaisons parfois dingues (plus de 8 micros) pour repiquer le son de son baffle. Aujourd'hui il semblerait qu'il ait une petite boîte magique qui lui permet d'attaquer la console directement sans repiquage. Néanmoins cet outil ayant été aperçu dans une vidéo, rien ne laisse penser qu'il l'utilise tout le temps.
3 Les effets
En photo : Le pedalboard de Joe sur scène. Le footswitch Marshall indique que c'est la tête 50W JVM250C. On y voit en matériel optionnel une VoodooVibe Roger mayer (Univibe), un Phaser MXR Van Halen EVH Phase 90, un flanger Ibanez FL9, une voodoo lab proctavia, des octavers electro-harmonix POG et micro POG. Le tout alimenté par les bloc pedal power de chez Voodoo Lab.
Satchurator: Sur la photo ci-dessus on voit le modèle connu et le prototype en aluminium en dessous. Joe a en fait simplement amélioré la DS1 de chez Boss en lui apportant plus de gain et un switch more pour gagner encore en saturation. Look réussi, prix attractif et son de qualité. Point négatif : Ne supporte pas les micros trop puissants : effet de pompage sur la PRS tremonti US, c'est bien dommage. Le switch proposé ne semble être nécessaire qu'avec l'utilisation de certaines wahwah donc pas utile pour moi. Cette pédale est assez versatile et un bon couteau suisse.
Ice 9 : A l'instar de la satchurator l'Ice 9 est plutôt une overdrive avec 2 sons (voicings) différents ainsi qu'un bouton "more" qui boost le gain tout comme la Satchurator. Un gros travail a été fait pour conserver toutes les nuances de jeu et retransmettre votre touché au mieux.
Time machine delay : Un delay numérique avec "tap tempo" intégré et 2 switch. Le premier permet de passe en mode Vintage donc son qui sature un peu avec un léger effet de modulation. le deuxième switch permet de filtrer les basses et aigus comme l'a voulu Joe. Ce delay est une sorte de DD7 avec des possibilités ajustées, une qualité de son nikel et une utilisation rapide et simple.
Big Bad Wah Vox : Une wah intéressante car elle possède 2 inducteurs. Joe avait adopté la 535Q de chez Dunlop mais a finalement fait le deal chez Vox. Pas mal d'options dont un Boost de 10dB (potard en facade), 2 modèles de wah, le premier étant la Vox standard et la deuxième étant ajustée par/pour Joe. Les 2 inducteurs permettent donc de choisir un son Vintage plutôt orienté clean crunch et le deuxième plus moderne pour les grosses distos ce qui est il faut l'avouer très pratique. J'ai rarement vu une wahwah qui avec un seule et même inducteur assurait autant dans les cleans que les Hi-gain. A noter un bouton voicing qui permet de rendre la wah plus vocale, plus prononcée.
Digitech Whammy 1&4 : Elle a été exploitée par Joe sur plusieurs albums. Aujourd'hui elle semble avoir disparu de ses nouvelles compositions. L'effet commence à dater et il sonne peut-être un peu vieillot aujourd'hui car trop utilisé. La whammy reviendra à la mode dans 30 ans. Aujourd'hui, Joe s'amuse plus sur les textures octaviers avec les POG d'electro harmonix ou alors dernièrement l'octaver de chez Fulltone.
Joe a souvent changé de matériel. D'une façon globale il semblerait qu'avec une guitare moderne (mais pas trop) avec des doubles bobinages, un ampli Hi gain Marshall ou apparenté UK et un delay vous serez rapidement dans l'univers.
Avoir le son de Joe Satriani et un petit budjet
Les multi effets d'aujourd'hui peuvent vous approcher du son. A l'époque je n'avais pas d'amplis à lampe alors j'ajoutais un compresseur en début de chaînage pour gagner en sustain et réduire la dynamique un peu molle de l'ampli à transistor. Niveau distortion, le son doit être précis et chaud donc il vous faut des mediums et de la presence. Néanmoins attention aux aigus qui sont souvent très laid sur les ampli bas de gamme (effet abeille).Un delay réglé à 350 ms avec un feedback à 4/10. Vous pouvez rajouter une Réverb Hall à l'enregistrement sinon, évitez en concert ou à doser avec des pincettes.
Cliquer ici pour accéder à la partie 2 sur Joe Satriani (Sweepyto TV)
Les liens
www.satriani.com
www.satriani-fr.com
http://www.ibanez.co.jp/products/eg_series11.php?series_id=442&area_id=3&year=2011&cat_id=1
http://www.voxamps.com/us/pedals/
http://www.marshallamps.com/product_range.asp?productRangeId=24
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