Bonjour à tous,
Je n'ai pas été très actif sur le forum ces dernières semaines mois années, certains d'entre vous ne me connaissent donc sans doutes pas. Je vais donc commencer par me présenter comme un gars bien élevé ...
Membre de la sweepy-bande depuis 2006, modo (mais, et c'est tant mieux, il n'y a jamais rien à moderer ici 
) et bien piètre guitariste. Je joue sur une Guild en acoustique, sur une petite Télé Thinline MP en électrique et je n'ai rien contre un peu de classique de temps à autre (guitare sur la jambe gauche et tout, même pas peur !).
Il y a quelques années j'ai eu très envie d'une classique de bonne qualité. Pas un truc de fou, mais une toute massive avec un peu de tronche et qui projette un minimum ... mais, et ça n'a pas tellement changé, j'étais fauché. Quand on a de telles envies on a souvent beaucoup de mal avec le mot "compromis", alors j'ai cherché la solution pendant un bon moment et c'est finalement un ami Luthier qui, me voyant bien dépité, m'a filé trois bouts de bois en me disant "T'as qu'à te la construire toi-même ta gratte, avec un peu de courage t'arrivera forcement à quelque-chose ..." - Chiche ? Et voila comment je suis tombé dedans. Après ça, j'ai passé quelques mois sur les forums de luthiers amateurs - en particulier celui de Benoît de Bretagne que je ne saurais jamais assez remercier pour son aide - et j'ai commandé quelques ouvrages spécialisés. Quand j'ai pensé avoir répondu aux plus grandes questions, je me suis lancé ...
Ça a commencé par le choix de la table - pour ma part, un épicéa Engelmann. Je n'ai pas choisi l'essence au hasard, c'est celle qui correspondait le mieux à mon budget et à mes attentes. Après quelques heures d'entrainement au maniement du rabot sur des chutes de sapin, j'ai mis la futur table de la guitare à la bonne épaisseur (2.6mm au centre, 2.2 mm sur les bords en moyenne) et j'ai collé les deux parties. J'ai aussi fabriqué deux outils : le Solera, qui est un moule creusé servant pendant une bonne partie de la construction, et le gabarit de demi-table. Cette guitare reprend la forme d'une classique Yamaha des années 70 que je trouvais super confortable.
J'ai ensuite attaqué la découpe de la table : on laisse une bordure de quelques millimètres en dehors du trait que l'on fera sauter plus tard. J'ai aussi fabriqué la rosace - en placage de frêne olivier - que j'ai incrusté dans la table. L'empreinte de la rosace est faite à la Dremel et au ciseau à bois (touuuuut doucement ...). Une fois la rosace incrustée, j'ai ouvert la bouche de la demoiselle (c'est presque érotique, la lutherie, par moments ...) et je l'ai gentiment retournée en prévision du barrage.
Le barrage est vraiment la partie la plus fun pour moi. Sans l’expérience d'un vrai luthier, il est vain de croire qu'on va réussir à faire des miracles, mais sentir la table se tendre, réagir différemment quand on la tapote en fonction de la quantité de bois retirée ici ou la, c'est merveilleux. A ce stade, j'ai passé énormément de temps sur les forums à demander conseil aux pros et aux amateurs éclairés.
Il s'agissait ensuite de cintrer les éclisses en acajou. Les pros font ça à la main, grâce à un fer à cintrer et en comparant le résultat souvent avec le plan. Je n'ai pas leur talent, j'ai donc joué la sécurité en me fabriquant un moule de torture à éclisses.
Il a été légèrement amélioré depuis . Pendant que les éclisses prenaient leur forme définitive, j'ai affiné un manche pré-taillé (une quarantaine d'euros sur un site spécialisé) en acajou. D'abord le dessin du talon ...
... puis la tête et son placage, rappelant celui de la rosace.
J'ai pris moins de photo par la suite. Il s'agissait de coller les éclisses, le manche, puis de fermer la boîte.
Enfin on coupe tout ce qui dépasse, on défonce les empreintes de filet et on place la fileterie. Tout cela était assez stressant, et la encore malheureusement, pas beaucoup de photos. Voila le résultat.
Le frettage a été une pure galère. Trois soirées complètes à limer les frettes avant que ça me convienne à peu près. Le chevalet a été acheté tout fait. Une fois la touche en place et le chevalet collé, il faut vernir.
La miss a depuis reçu ses cordes et de belles mécaniques. Elle sonne plutôt bien, et traine désormais dans les mains d'une copine talentueuse qui en est tombé amoureuse. Je ferais de nouvelles photos dès que je la reverrais .
Cette histoire m'a fait tomber dedans ... on le voit sur la dernière photo, il y en a eu d'autres, et pas que des acoustiques. Tout ça pour dire que rien n'est impossible : elle n'est pas parfaite, mais jouer d'un instrument qu'on a conçu soit-même est vraiment une sensation merveilleuse. En espérant sincèrement que cela vous donnera envie de vous éclater autant que moi ...
